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11 avril 2013

MN 140/02

Elle portait une robe claire. Ses cheveux flottaient. J'ai bien vu ses yeux. Je les revois chaque nuit. Un TGV, ça ne s'arrête pas comme ça.

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7 avril 2013

MN 140/01

Ma nouvelle en 140 signes.

 

- Père, votre main a tremblé ce matin. Il est temps d'arrêter.

- Laisse-moi encore celui-là, fils. Promis, il ne souffrira pas.

12 juin 2012

Bon vent à Mistral noir

Mistral noir est donc parti vivre sa vie sans moi. Les premiers échos qui m'en reviennent sont chaleureux, mais il ne saurait en être autrement, ils viennent de mes amis. Je me dis aussi que de tout façon, le lecteur qui aimera Mistral ne pourra pas le faire sans être au moins un peu lié à moi par une certaine façon de regarder les choses et les gens. De trop près m'a-t-on dit un jour.

De l'aventure littéraire dans laquelle je suis lancé à présent, il est encore trop tôt pour parler vraiment, mais elle m'occupe jour et nuit, m'oblige à entrer dans un univers que mon esprit aurait plutôt tendance à essayer de fuir, celui de la première tentative de suicide de l'Europe dans la Guerre Mondiale.

Voici Mistral sous sa véritable livrée.

14 février 2012

Redoux

J'aime de moins en moins la neige, sa blancheur stérile, le froid qui envahit les veines, les couches de vêtements qu'il faut empiler le matin, les gants, les bonnets, les écharpes et tout le Saint-Frusquin. J'abomine les sports d'hiver, pour les raisons précitées, auxquelles ils faut ajouter les chaussures de ski, lourdes et inconfortables, l'odeur de pieds chez le loueur d'icelles, la foule des gogos qui s'entrebattent  au bas des remonte-pente pour garder leur place dans la file, au son de la publicité Conforama crachée par les haut-parleurs. J'en ai été, mais grâce à Dieu ou à mon instinct de conservation, j'ai vu la lumière, je n'en suis plus. La météo annonce le redoux, qui aura vite raison des dernières plaques de neige dans le jardin. Bon débarras.

8 février 2012

Mistral noir

De temps en temps, pas très souvent je l'avoue, je viens faire un tour sur ce blog. Je constate à chaque fois avec étonnement que certains lecteurs s'aventurent encore à le visiter, malgré la rareté des nouveaux messages. La plupart, il faut le dire, s'y sont égarés, faussement aiguillés par le moteur de recherche universel. Certains se sont mis en quête de ce breuvage d'autrefois nommé Quintonine, qui initia à l'ivresse, sous prétexte de fortifiant, tant de natifs des années cinquante. D'autres cherchent à se renseigner sur une autre drogue, végétale aussi au moins d'origine, mais bien plus amère, le taxol. A ceux qui viennent pour moi, je présente mes excuses pour mon infidélité. Je dirai pour ma défense que je ne suis pas resté tout à fait inactif ces derniers mois. J'ai terminé mon roman Mistral noir, et il sortira en librairie le 6 juin aux éditions Léo Scheer. 

La couverture que ma fille Alaïs a réalisée ne sera peut-être pas celle qui l'habillera, mais je l'aime quand même beaucoup.

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7 décembre 2011

Chien noir

Ce matin un bruit inhabituel (pléonasme, ici c'est le bruit qui est inhabituel) un bruit donc me tire du lit, venant de la terrasse au-dessus de ma tête. Je me précipite. Comme je m'y attendais, c'est un chien, celui-ci grand, noir et dégingandé,  qui se goberge des croquettes que nous mettons à la disposition de notre famille attitrée de chattes sans abri. Comme d'habitude je râle intérieurement contre B. qui remplit leurs deux écuelles à ras bord de ces granulés hors de prix avec pour conséquence que tous les carnivores du quartier ont l'habitude de venir chez nous se taper un casse-croûte. Ils nous récompensent d'ordinaire en arrosant d'urine nos fenêtres et en fumant généreusement nos pelouses (ceux qui connaissent les lieux ont la permission de ricaner à ce dernier mot).

Je chasse donc l'intrus à grands cris. Il s'éloigne d'un air nonchalant. ll s'en fout, les croquettes sont au chaud dans son estomac. Je reste un moment sur la terrasse à contempler la vallée dont le soleil oblique dessine chaque relief. Il me semble voir de fines gouttes de pluie briller dans la lumière. Pourtant, il n'y a pas un nuage en vue. Je quitte l'abri du toit, lève les yeux vers le ciel bleu et reçois sur le visage quelques gouttes lustrales de cette ondée impalpable.

Chien noir, je te tiens quitte de tes croquettes.

3 juin 2011

l'Evans à Martigues

L'Evans à Martigues voudrait être un pub. Rares sont les établissements en France qui parviennent à se rapprocher du modèle britannique. Il leur manque deux ou trois siècles de fumée sur les murs, tabac de Virginie où feu de tourbe, la moquette à l'épreuve des pires offenses, le jeu de fléchettes et son ardoise, il y manque surtout le public. Ce n'est pas grave, outre-manche les boulangeries sonnent faux aussi. L'Evans est décoré de maillots de football et d'écharpes de supporteurs. Les consommations n'y sont pas trop chères et la clientèle pas très sophistiquée. L'Evans est un rade à bière et c'est très bien comme ça. On y parle fort sans se soucier de couvrir la voix du chanteur qui fort judicieusement a pris la précaution de s'amplifier.

Le chanteur, c'est Jérôme Rodrigues dit Jay. Jay a peut-être des ancêtres qui grattaient la terre du côté du Duro ou de l'Algarve, mais quand on entend sa voix on a envie de croire qu'ils ont passé leur vie à sillonner l'Amérique à bord des trains de marchandises ou à trimballer des ballots de coton dans le delta du Mississipi. En musique, on est libre de choisir son folklore : Otis Redding, Ben Harper, Bruce Springsteen, pas de fado, donc. Dans son coin, Jay diffuse sa bulle de musique sans se soucier du bruit ambiant. Une bulle de mélancolie, de nostalgie pour un passé qui n'a pas eu lieu,  où chacun est libre d'entrer ou non. C'est comme ça quand on fait ce travail. Il faut y croire très fort et se dire que s'il y a un seul des présents qui entre dans la bulle la partie est déjà gagnée. Comme j'ai bu trois bières (belges), je trouve facilement la clé pour le rejoindre, surtout quand il entonne The River, de Bruce Sprinsteen, cette chanson déchirante et belle comme une nouvelle de Jim Harrison. Is a dream a lie when it don't come true or is it something worse ?

27 avril 2011

La Nesque

Grande balade hier. Je prends de plus en plus de plaisir à ces randonnées solitaires, qui s'allongent à mesure que l'endurance revient. N'exagérons rien, pour les "vrais" cyclotouristes, mes 66 km suffiraient à peine à l'échauffement. Hier, donc, les gorges de la Nesque. Départ de Villes-sur-Auzon, montée jusqu'à Sault et redescente par Méthamis. Sans doute une des plus beaux circuits du Vaucluse, avec à chaque sortie de virage une vue à couper le souffle, de l'air à s'en donner une indigestion. La route s'enfile comme un lacet de corset dans les trous de la roche, creusés à la barre à mine et à la dynamite. En bas du canyon, un grondement, mais on a tant de mal à croire à la présence de l'eau sur ces plateaux calcaires qu'on se dit que c'est le vent qui s'écoule entre ces rives et s'y frotte comme un gros chat.

Près d'une chapelle, à un carrefour, une fontaine hors d'âge coiffée d'un chapeau de pierre trop neuf, à l'eau si froide que la bouteille que je remplis se couvre aussitôt de buée. J'en bois trop, car en boire raisonnablement me semblerait lui faire offense.

3 avril 2011

Fontaines

A vélo, ce matin, à l'assaut du modeste col de l'aire des Masques, c'est à dire des sorcières, ou deï fado, qui doivent y mener sabbat les nuits où se déchaîne le mistral noir. Aujourd'hui, dimanche, le lieu était encombré des véhicules des randonneurs ; je ne m'y suis pas attardé, mais le reste de la semaine, j'y respire dans la solitude un air qui sent déjà les Alpes et la neige et qui, combiné aux endorphines que les sept kilomètres de montée m'ont fait distiller, constitue une drogue douce euphorisante. Au passage, je m'arrête à la fontaine de Vitrolles, bien que les édiles aient cru bon de la déshonorer en lui apposant la laide pancarte "Eau non potable". Car je suis sujet à une autre addiction bien innocente : je ne peux pas passer devant une fontaine sans y boire. Plus le pays est aride, plus l'existence même de l'eau me semble miraculeuse surtout lorsqu'elle surgit de la roche stérile sans être passée par des filtres et des tuyaux, comme au commencement du monde.

2 avril 2011

Glanage

Près des gorges de Régalon, parmi les oliviers, à la cueillette des jeunes pousses d'Asparagus acutifolius. Cette activité nécessite comme tous les glanages un réglage spécial du regard. L'asperge est d'abord presque invisible parmi les autres végétaux et la brume verte des pousses de l'an passé, puis peu à peu la zone du cerveau dédiée à cette tâche jadis vitale opère les nécessaires ajustements, s'accorde sur les bonnes longueurs d'onde lumineuses, sur le port vertical et quelque peu phallique de la plante. C'est sans doute cette façon de se dresser avec impudence qui lui a valu autrefois la réputation de posséder des vertus aphrodisiaques, son pouvoir sur notre système urinaire se faisant également sentir sous la forme odorante que l'on sait. Un solitaire est au travail dans la vaste oliveraie. B. glane auprès de lui quelques conseils de taille qui à mon avis viennent trop tard.

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