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28 février 2010

Un temple de Vesta

Un vieux piano supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, représentait un temple de Vesta, et tout l'appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le jardin.

Pour la dernière fois sans doute, j'ai dicté à mes élèves de CM1 ces trois lignes d'Un coeur simple. Quel archaïsme  ! Il est sans doute plus que temps que je quitte la scène ! Je me souviens d'une discussion avec mon ami et collègue D. Il nous semblait déjà que disparaissaient peu à peu du monde enseignant les générations qui avaient gardé un contact, même indirect, avec le dix-neuvième siècle, et qui pouvaient, non pas simplement comprendre de tels textes, mais en sentir les textures, les odeurs, pour les avoir éprouvées.
Bien sûr, je ne me fais guère d'illusions sur ce qui va rester dans ces têtes blondes ou brunes de la leçon, sinon pour quelques-uns un peu plus d'habileté à déjouer les pièges de l'orthographe. J'ai beau expliquer longuement, prolonger l'extrait par d'autres lectures du texte, jouer de mes petits talents de dessinateur au tableau, j'ai beau avoir devant moi des enfants qui m'écoutent avec attention - ils voient bien que je suis à la fête - bien peu d'entre eux sauront demain ce qu'est une bergère de tapisserie, sans parler d'un temple de Vesta ! Pour certains d'entre eux, c'est le mot plancher qui pose problème, ou le mot pendule... Il restera peut-être le bien-être de ce moment de conte ou - qui sait ? - la vague image d'une dame bourgeoise tirant l'aiguille, penchée sur son tambour ou encore celle des belles vestales vêtues de blanc.

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